Qu’est-ce que l’association libre en psychanalyse ?
L’association libre en psychanalyse est une invitation à la parole. Elle constitue la règle fondamentale de la psychanalyse, inaugurée par Freud lorsqu’il abandonna la pratique de l’hypnose. Contrairement à cette dernière qui opérait par suggestion et forçage, l’association libre restitue au sujet la responsabilité de sa parole et lui permet d’élaborer à partir de ses résistances.
Le principe est simple : il s’agit pour l’analysant de dire tout ce qui lui vient à l’esprit, sans censure ni jugement. Cette parole n’est pas dirigée vers l’analyste mais vers l’inconscient. L’absence de réponse de l’analyste, son silence bienveillant, ouvre un espace où peut émerger la singularité du sujet à travers ses associations. En associant librement, le sujet met au jour des signifiants inconscients qui le déterminent.
Au-delà des contenus manifestes et conscients qui peuvent émerger (ce qui est « dit »), c’est surtout la position du sujet par rapport à son dire qui est en jeu. A travers le flot de ses associations, se dessine peu à peu un « Dire » singulier. Le « Dire » est ce qui est dit au-delà du contenu manifeste. Il engage pleinement le sujet dans une position éthique face au réel et face à ce qui ne peut pas se dire complétement, ce qui ne sera qu’à jamais mi-dit.
L’association libre ouvre un espace où le symptôme peut être entendu autrement. Il n’est plus seulement ce qui fait souffrir, mais ce qui tente de se dire. En effet, le symptôme n’est pas qu’un dysfonctionnement à faire taire, au contraire, il faut l’écouter, il dit quelque chose d’important pour et sur le sujet. En laissant la parole se déployer librement, le sujet peut découvrir ce que son symptôme cherche à exprimer.
La cure analytique ne vise pas simplement la découverte d’une vérité déjà là ou la compréhension de son passé. Elle est un espace de création où chacun peut inventer sa propre façon de faire avec ce qui résiste, ce qui fait souffrir, ce qui échappe, ce qui ne peut se dire complètement. Chaque être est singulier, chaque parcours est unique : il n’y a donc pas de réponse toute faite ni de solution universelle (ce qui la distingue d’autres approches plus directives). C’est en trouvant sa propre réponse que le sujet devient plus libre face à ce qui l’encombre et lui permet d’être plus responsable de sa vie.
Pour aller plus loin :
LACAN, Jacques. Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse. Dans : LACAN, Jacques, Écrits II – Texte intégral [en ligne]. 2014e éd. Paris : Seuil, 1971. (Points Essais). Disponible à : <URL : http://staferla.free.fr/Lacan/Fonction%20et%20champ.pdf>.
LACAN, Jacques. La direction de la cure et les principes de son pouvoir. Dans : LACAN, Jacques, Écrits II – Texte intégral [en ligne]. 2014e éd. Paris : Seuil, 1971. (Points Essais). Disponible à : <URL : https://ecole-lacanienne.net/wp-content/uploads/2016/04/1958-07-10.pdf>.
MONRIBOT, Patrick. L’interprétation lacanienne du symptôme [en ligne]. [S. d.]. Disponible à : <URL : https://sectioncliniquenantes.fr/wp-content/uploads/2021/04/10_01_monribot_interpret.pdf>.